lundi 21 février 2011

SQUARE DU TEMPLE

SQUARE DU TEMPLE DÉCEMBRE 2010



SQUARE DU TEMPLE JUIN 2011



ÈTUDE SQUARE DU TEMPLE

Maître d’ouvrage : Ville de Paris
Maître d’œuvre : Alphand
Superficie : 7 965 m
Étude : Sharon Fontaine-Hobby

BIBLIOGRAPHIE
- Trees for Town and Country Auteurs : B. Colivin et S.R. Badmin. Édition : Lund Humpries
- L’Art du Jardin et son Histoire Auteur : John Dixon Hurt. Édition : Odile Jacob
- Éloge des Vagabondes Auteur : Gilles Clément. Édition : Nil
- Écorces Guide H. Vaucher, Delachaux et Niestlé
- Arbres Auteur : Allen J. Coombes. Édition : Larousse
- La Qualité de l’Eau et de l’Assainissement en France Édition : Office Parlementaire d’évaluations des choix scientifiques et technologiques
- Jardins de Garrigue Auteur : Véronique Bombal. Édition : Edisud
- Plantes tolérant la Sécheresse Auteur : Jane Taylor. Édition : La Maison Rustique
- Instants d’une Pédagogie Auteur : Bernard Lassus. Édition : Patrimoine
- Paysagistes, ceux qui ont marqué le siècle Auteur : André Wilson. Édition : Octopus
- Guide des Groupements Végétaux de la Région Parisienne Auteur : Marcel Bournérias, Gérardd Arnal Christian Bock. Édition : Belin



square du temple 18 avril 15

Introduction
Depuis le début de l’Histoire des Jardins, l’Homme se protège des sortilèges de la Nature pour se créer un enclos de bien être paradisiaque.
Du mythique au concret, l’Art des Jardins s’appuie sur les différentes perceptions de l’idée de beauté et s’interroge sur son art tel qu’il semblerait avoir été, ce qu’il est et ce qu’il sera…
Pour le Lettré « le Jardin est le terrain où une société essaie de se donner une vision de son avenir... ». Cette pensée explique les différentes évolutions des esthétiques dans le temps et les espaces des civilisations.
Pour aider à une compréhension globale, on recourt à des classifications comme celle énoncée par la théorie des Quatre Natures :
- La Première Nature cicéronienne correspond au ‘wilderness’ anglais', soit l’ensemble des phénomènes naturels indemnes de toute interférence humaine.
- La Deuxième Nature ‘altera natura’ définit par Cicéron comme ‘de natura deorum’, correspond au paysage agricole et les infrastructures urbaines.
- La notion de la Troisième Nature apparaît dans la correspondance de Jacopo Bonfadio en 1541 « la nature, quand elle s’intègre à l’art, est élevée au rang de créatrice qui devient l’égale de l’art et que l’union des deux engendre une troisième nature que je ne sais comment nommer...»
- Quant à la Quatrième Nature, elle se représente dans le visuel et les textes…
Le milieu professionnel établit des classifications du Règne Végétal comme celle de Raunkier, de Godron, de Braun-Blanquet, ainsi que des approches Écologiques ou Phytosociologiques suivies de la création d’un vocabulaire afin d’analyser le plus finement que possible les caractéristiques et le comportement végétal.
Le Site est également un sujet d’étude approfondi car du résultat de son analyse dépend les options de créations.

Historique Square du Temple
L’emplacement du Square se situe sur une ancienne zone marécageuse ‘le Marais’ des 3ème et 4 ème arrondissements.
À la fin du XII ème siècle, les Templiers se font offrir un terrain par Louis VII Le Jeune.
L’emplacement du Square du Temple faisait partie de la propriété des Templiers. Un siècle plus tard l’ordre est aboli en 1312 et leurs biens sont confisqués par la royauté et le clergé.
Au XVII ème siècle, le terrain du Square est un lieu de fêtes luxueuses organisées par Bussy-Rabutin.
Puis la Tour des Templiers devient la prison de la Famille Royale et Louis XVII le Dauphin y mourra en 1795.
Au XIX ème siècle, les ‘Grands Travaux’ ponctuent les avenues de Paris de grands alignements d’arbres, de squares ainsi que d’un plan de réaménagent des Bois de Boulogne, de Vincennes, de Parcs Parisiens comme Monceau et Montsouris suivi de la création du Parc des Buttes-Chaumont.
Et c’est Alphand et Barillet Deschamps qui oeuvrent pour la Salubrité Publique en créant de nombreux espaces de verdure selon le Model Anglais des Espaces Publics dont l’objectif premier était de lutter contre la pollution urbaine et les épidémies mortelles en offrant des lieux de promenades du dimanche à l’ouvrier et aux familles…
Le Parc Public a aussi pour vocation d'organiser des cours pédagogiques et des concerts pour tout public.

Descriptif Square du Temple
Le 3ème arrondissement de Paris résulte de l’extension de la capitale aux XIII et XIV èmes siècles.
Le plus vieil immeuble date du XVIIIe ; deux immeubles sont célèbres pour leur ancienneté, celle à colombages de la rue Volta et celle de Nicolas Flamel rue de Montmorency.
L’arrondissement est un quartier résidentiel dont une grande partie se situe dans le Marais et se divise en quatre quartiers : les Arts et Métiers, Enfants Rouges, Archives et Sainte Avoye
Le recensement national de 1999 dénombre 34 248 habitants soit une densité de 29 247 hab/km2.
Sa forme géométrique est un rectangle dont les quatre côtés sont bordés d’édifices haussmanniens.

De son héritage culturel, on reconnaît quelques principes des jardins à la Française, à l’Anglaise, à l’Anglo-Chinois’ ou Pittoresque et des amorces de concept paysager à la frontière des XX et XXI ème siècles.
Une synthèse des différents styles se reflète dans le miroir d’eau du bâtiment de la Mairie, qui est suivi d’un grand espace à découvert bordé d’allées sablées circulaires arborées, de Bosquets surprises, d’un chemin de ceinture, de statues, d’une cabane en bois sculpté des régions forestières froides, de fontaines d’eau potable, d’aires de jeux, d’un kiosque, d’innombrables bancs, de poubelles, de lampadaires, d’un baraquement des Jardiniers, de sanitaires, grillages, portes…
Dessiné par Alphand en 1857, le square est aménagé dans le style haussmannien.
Le Square du Temple est entouré d’une grille ouvragée par Davioud, et ses allées serpentent ‘ à l’anglaise’ autour d’arbres, d’un kiosque à musique et d’une cascade artificielle.

Concepts Paysagers
L’important pour Alphand est un «arrangement artificiel de la nature qui permet à l’air de passer, ce que la Nature Sauvage ne fait pas naturellement
L’aménagement de Barillet-Deschamps propose « des pelouses plantées d’espèces végétales les plus rares, d’arbres choisis selon leurs formes et leurs couleurs afin d’accentuer les perspectives.
Les Arbres et les Arbustes sont groupés et placés près des habitations avec le soin de faire dominer l’espèce commune de la région.
L’intervention humaine est apparente, le contour des massifs est fixé par des lignes qui se rapprochent des formes elliptiques.
Les pièces d’eau et les rivières sont des éléments de décor indispensables à un Jardin.
Leur tracé et leur emplacement doivent êtres justifiés par des mouvements de terrain et paraître aussi naturel que possible.
Le réseau des allées est concentrique, et les voies qui sont situées sur les points éloignés doivent ramener le promeneur vers les parties centrales.
Le principe général est de conserver l‘aspect de la nature en évoquant l’ordonnance type en milieu naturel.
Le Jardin est considéré comme un ouvrage d’art où la sculpture et l’architecture ont une place importante ».
Au XXème siècle, les paramètres de composition sont fixés dans le concept du ‘Jardin Pittoresque’.
La Théorie de Morel, au début du siècle, préconise une « observation aiguë de la Nature puis de s’inspirer de sa magnifique simplicité dont l’esthétique propose une variété de formes et de proportions malgré les dimensions inégales et les modifications constantes où se mêle la gravité, le sérieux, la gaieté, le rire, le bruit, l’agitation, le silence, la tranquillité, des tableaux multiples en corrélation avec l’art de vivre des commanditaires » tandis qu’un autre courant s’oriente vers une transposition paysagère des Arts Plastiques…

La Mare aux Canards du Square
La Mare aux Canards ne se perçoit pas depuis l’entrée rue du Temple, et c’est seulement en cheminant qu’on a la surprise de la découverte d’une pièce d’eau entourée de végétation.
L’œil circule en boucle car aucun angle ne l’arrête, de grands arbres forment des espaces d’ombre et de lumière servant d’aire de repos aux canards ; j'éprouve, un sentiment de bien être comparable à celle que procure la Nature véritable ?
La Mare est entourée d’un grillage de faible hauteur puis d'un deuxième grillage qui entoure un aménagement paysager autour de la Mare aux Canards. Une double protection pour la Flore et la Faune mais une immense frustration pour le visiteur qui ne peut s’approcher des plantes, les toucher, les sentir ni les regarder de près.
Sans doute il est préférable qu’il en soit ainsi…
L’ensemble est composé de différents paysages pittoresques inspirés des Sites Naturels comme c’était la mode à l’époque de sa création.
Sa forme est oblongue et se divise en Quatre Ambiances Paysagères : La Forêt Européenne, la Clairière, la Mare, la Forêt Alpine et sa Cascade.
La présence de l’Eau sur le Site se présente sous ses deux formes, une eau dormante et une eau vive.
L’eau dormante est "vivante" grâce à la présence des plantes aquatiques, dites hydrophytes, hydrophytiques, hygrophiles, hygrophytes, amphibies, les halophytes ou halophiles, sont des plantes adaptées aux milieux salés ou par extension à une pression osmotique importante.
L’eau vive de la cascade est de couleur blanche et son flot vertical se détache sur le fond sombre des rochers.
La chute d’eau crée un fond sonore recouvert par l’ambiance des enfants quand ils jouent dans leur enclos à proximité de la cascade.
La cascade est inapprochable car entourée d’une végétation épaisse bénéfique à l’ombrage de la Mare et de son double grillage pour une sécurité maximale.

Les Géométries du Square
Les Rondeurs s’expriment dans les topiaires, la forme globale de la Cascade de Rochers artificiels "une rocaille", les frondaisons des caducs et les ondes de l’eau. Les Ondulations sont dessinées par les nouveaux tracés des massifs fleuris autour de l’eau. La Clairière présente un espace rythmé par des arbres caducs en isolé, de bordures fleuries et de dessins des ombres passagères en contraste avec des zones d’ombres denses presque permanentes au sud et au nord.
Les Triangles sont créés par la silhouette naturelle des petits conifères et la cime des conifères adultes.
Un dessin en forme "crosse" naît des branchages des arbres pleureurs comme le Hêtre et le Frêne.
Les deux principales lignes structurantes du Massif sont l’horizontalité et la verticalité : L’Horizontalité place l’horizon du regard à hauteur d’homme dans sa relation métaphysique à l’Univers de la Nature. On peut admettre que l’horizontalité de l’eau aux contours définis apaise l’esprit contrairement à la verticalité de l’eau dont le mouvement vigoureux symbolise la puissance active, parfois destructrice de la Nature.
La Verticalité jusqu’au vertige caractérise l’aménagement paysager de la Mare aux Canards. Une ombre générée par le manque de recul dû à l’étroitesse des distances de plantations forestières.
L’écran opaque de la masse des rochers avec son entourage de végétal persistant ‘divise le Massif’ : quand on regarde depuis la ‘forêt de marronniers’ la vision croit rencontrer les limites du Massif et c’est seulement en faisant le tour qu’on découvre la totalité de l’aménagement alpin.
De même si on regarde le Massif depuis la ‘forêt alpine’ la masse opaque clôture la vue.
Le cheminement réserve des surprises…

Les Arbres
La présence des Arbres forme un écran brise vent et contribue à créer un microclimat pour la végétation.
Les vents dominants en région parisienne viennent de l’Ouest, et au Square la protection est assurée par le bâtiment de l’Hôtel de Ville.
Au Nord le Massif bénéficie de la protection de la forêt alpine et au Sud de la forêt tempérée, à l’Est le grand espace à découvert se borde au lointain d’arbres le long des allées, des grilles et du chemin de ceinture. Le Massif est ainsi protégé des vents qui freinent la croissance et dessèchent les plantations.
On remarque que les feuilles vert clair des arbres caducs laissent passer la lumière contrairement aux persistants aux feuillages vert sombre de texture coriace à l’aspect vernissé ou les aiguilles des conifères en touffes denses.
L’utilisation du feuillage pourpre est introduite par les frères Bülher qui eux mêmes reprennent le Concept Chinois qui associe le rouge des érables avec le vert des pins ou l’inverse.
Au delà des esthétiques, un Arbre assume un rôle social car il abrite une abondante Faune qui se nourrit de ses fruits et leur sert d’habitat. En ville, l’Arbre est assimilé à une pompe à oxygène pour contrebalancer les excès de gaz carbonique.
Les oiseaux par la vivacité de leur caractère et la grâce de leurs chants contribuent à donner l’illusion d’une promenade dans un cadre champêtre bien qu’étant en pleine ville.
Dans l’Art des Jardins, l’Arbre peut être l’élément unique d’une composition, car à lui seul il transmet l’idée de Nature. Dans une combinaison plurielle, les possibilités de composition se complexifient en raison de la grande diversité des groupements possibles, des associations structurelles, des potentiels plastiques…
Une composition paysagère étudie les besoins et conditions de vie, les hauteurs à l’âge adulte, les écorces, les modes de pollinisations, les volumes, les formes des couronnes déterminées par les angles d’insertion des branches, les différentes tailles de formation, de fructification ou d’ornement, les associations bénéfiques ou négatives, les évolutions de la croissance, les besoins minéraux, les types de sols, le PH, l’hydrométrie, les climats, les vents dominants, les degrés de rusticité, les surfaces racinaires, les distances de plantation optimales, le graphique des feuilles, la présence ou l’absence de fleurs, de parfums, de fruits, de couleurs automnales, les utilités concrètes, économiques, des souhaits du commanditaire… tous ces détails sont autant de paramètres qui entrent en jeu dans la réalisation d’un Espace Arboré pour lequel il est utile d’avoir un regard forestier.
La superficie et la topologie du Massif ne permettent pas un recul suffisant pour avoir une belle vision verticale d'ensemble. Alors c’est contraint qu’on lève la tête pour évaluer les hauteurs des Arbres et là on comprend l’importance des jeux des feuillages, des textures et la place de chaque Arbre dans la strate verticale.
Par sa forme oblongue, le paysage de la Mare aux Canards est sans cesse changeant, mais cela participe aussi à une confusion des esthétiques en raison d’une superposition sur le même plan des feuillages, des troncs, des branchages et des faîtages de différents arbres...
Le manque d’espace est un facteur limitant pour la croissance et fait se déformer des troncs qui créent ainsi des esthétiques plastiques inattendues.

Observations au fil des saisons
L’hiver offre la vision permanente du Square dans ses lignes structurantes et c’est l’époque du grand nettoyage qui fait apparaître le pied des arbres des arbustes et la végétation des strates chaméphytes ou hémicryptophytes, les travaux de propreté, les préparatifs de plantations, les nouveaux tracés de massifs, l’anticipation du Printemps…
L’anticipation de l’émotion printanière gagne les esprits lorsque commencent le fleurissent dans un Bosquet longeant la rue de Bretagne, à l’est du Square, des Arbustes des terres dites de Bruyères, les Camélias d’hiver, les Rhododendrons, les Andromèdes, une belle collection vigoureuse qu’on pourrait dater de l’époque des premières plantations en raison de leurs volumes, hauteurs et de l’épaisseur des branches qui traduisent l’atmosphère des Parcs Anciens du XIX ème siècle.
Une époque florissante pour l’importation de plantes du monde entier comme les chinoises… une prémonition car le ‘Quartier du Temple’ révèle une forte présence chinoise datant depuis la première guerre mondiale
Le Printemps et ses métamorphoses apportent ses premiers beaux jours où s’introduisent les ombres et lumières tandis que les premières bulbes et petites fleurs basses des mosaïques font du coloriage sur les pelouses.
Puis c’est le festival de l’éclosion des bourgeons qui prennent la relève des jonquilles qui se fanent sans honte.
Si la Lisière est le lieu de la fantaisie, on note la présence dans l’herbe de minuscules petites jonquilles, des lilliputiens qui jouent avec les échelles des bulbes de la même espèce.
Aux pieds des marronniers, je regarde un composé d’hétéroclite, de couvre sol d’herbacées persistantes se percent de jonquilles, le tapis se ponctue de topiaires de lonicera taillées en boule et de buis libre le long du grillage des allées. Le principe d’une association grillage, persistant, caduc se rencontre dans les Bosquets de Versailles…
Depuis la pièce d’eau, l’eau de la cascade se visualise enfin et on observe les canetons s’émanciper tandis que des mousses nagent à la surface…
Je pense à la 'Nature Sauvage', où les fleurs sont abondantes. Elles ponctuent par leurs ‘improvisations’ une ambiance festive, une improvisation saisonnière qui participe au renouvellement des cadres paysagers et apporte l’idée du temps qui passe… dans un éternel retour…
Au Square, le végétal annuel est disposé selon une ‘trame un peu plus naturelle’ que de coutume, car les Jardiniers laissent se faner les plantes, en respect du cycle de vie, une volonté délibérée ou un oubli ? Les nouvelles fleurs du printemps au Square ont un petit air sauvageon et le plan de plantation des massifs se différencie d’une ordonnance plate style mosaïque ; un style appelé corbeille, très en vogue au XIXème siècle.
Une main invisible magique et mystérieuse est aussi le signe d’un bon jardinage.
La tendance actuelle joue avec les espaces de Lisière ou d’Îlot avec des plans de plantations à la manière d’une Prairie Fleurie.
Le décor végétal autour de la Mare imite la diversité florale et les herbacées des milieux naturels, les tiges sont fines ou épaisses et ont des hauteurs différentes. Les fleurs paraissent indépendantes, individuelles et libres.
Les fleurs aux pétales simples rendent la transparence des couleurs tandis que d’autres plus compacte créent des contrastes entre le solide et le fragile, la durée de l’éphémère avec des floraisons plus longues, un jeu de lumière traversant ou captif.
Les fleurs se veulent paraître aussi naturelles de simplicité que celles d’un talus campagnard.
La pente douce des berges permet des compositions en relief sur plusieurs niveaux car au premier plan des bords de l’Eau, les volumes de petits conifères aux contours arrondis créent des espaces en creux où s’installent au deuxième plan des fleurs plantées en groupement selon un tracé ondulatoire, comme le chemin d’une brise qui souffle sur des herbes sauvages.
Le périmètre de la Mare laisse un espace pour les passages des canards depuis l’eau à la ‘clairière pelouse’ ombragée par le Cerisier Japonais au tronc noir et oblique, cette facilité ne les empêchent pas de traverser les différents massifs en bordure de l’Eau.
La suite du périmètre est plantée d’une boule taillée de lierre, d’un junipérus, d’un récent massif de fleurs, d’une nouvelle plantation fruitière, un tout jeune sujet en arbre tige...
La Pièce d’Eau en maçonnerie semble peu profonde, deux touffes de joncs sont réunies dans une corbeille en fin grillage pour éviter un trop grand envahissement ? Et sont placées symétriquement par rapport à la Cabane des Canards dont la couche de peinture ‘vert canard’ est la couleur du mobilier et des grillages du Square.
La Faune a l’air parfaitement à l’aise dans cette enceinte factice sans doute grâce aux soins des Jardiniers qui leur prévoient des espaces adaptés à leurs conditions de vie naturelles, et à leur habitude de vivre sous les regards des familiers du Square, car d’instinct dans la Nature les animaux fuient le contact humain.
La présence des oiseaux, des canards en font un lieu de nature vivant, et le printemps voit apparaître de nombreuses naissances qui s’échelonnent sur plusieurs cycles printaniers.
La fréquentation est régulière et abondante, on remarque surtout la présence des familles avec des jeunes enfants, des adolescents, quelques couples, des personnes âgées ou solitaires et des personnes sans domicile fixe.
Le Square propose des activités physiques ainsi que le repos tranquille selon la topologie du Site, souvent bruyant aux angles des rues Temple et Bretagne et bien plus calme côté Hôtel de Ville.
Et le regard s’aiguise progressivement au rythme des saisons, des transmutations naturelles ou celles qui résultent du travail des Jardiniers.
Les pelouses ouvertes à la fréquentation du Public ressemblent à un campus avec leur ambiance bon enfant et on se surprend à penser que tout va bien dans le meilleur des mondes.

Évolutions
À l’occasion de l’inventaire du périmètre printanier je découvre avoir fait l’impasse sur des très grands arbres, un Tilleul et un Hêtre Pourpre, probablement centenaires.
Ensuite je découvre un autre arbre, un Houx aux grappes de petites boules vertes et aussi la couronne de dimension réduite d’un arbre au tronc étroit et chétif caché par les autres arbres de l’ambiance forestière qui accompagnent la Cascade, ses feuilles ressemblant à celles d’un Acacia, peut être que l’arbre n’a pas eu une place suffisante pour accomplir sa croissance ou bien il s’est installé tout seul…
La pelouse se parsème de petites fleurs jaunes, des spontanées ?
En s’associant avec la Nature, le rendu paysager anime un sentiment de paix, cette sensation est nouvelle en comparaison avec les différentes impressions ressenties lors des précédentes visites où dans la vision paysagère prédominait la main du jardinier et l’ordonnance impeccable de plantes réduites à un rôle décoratif. Au Square, chaque plante occupe l’espace qui lui est réservé sans empiéter sur les autres alors que dans la Nature les plantes se développent et s’installent selon leurs propres critères d’adaptation ou d’inadaptation, des symbioses végétales et parfois les végétaux sont neutralisés par leurs voisins ou par des éléments extérieurs…
Au Square sont utilisées les connaissances de la Pythosociologie et les techniques de plantations du style ‘Mixed Border’ où la priorité est la recherche d’un effet coloré, d’un fleurissement continue par alternance et la non-concurrence des plantes.
Cette non-concurrence est facilitée par un choix restreint de vivaces galopantes au profit des annuelles plus faciles à maîtriser, en raison aussi de la difficulté de distinguer à l’état de plantules les plantes non désirées qui pourraient prendre le pas sur d’autres plantes moins conquérantes et cela évite aussi de nombreuses corvées de désherbage et d’amendement des sols...
Les vivaces à grand pouvoir colonisateur sont associés entre elles dans le but utile de protéger les pieds des arbres contre la tondeuse ou le dessèchement des sols et comme le choix porte sur des plantes faciles, rustiques et peu exigeantes en lumière, elles sont l‘association ‘idéale’ de grands arbres caducs dont les feuilles apportent un paillis naturel qui sert aussi d’abri à de nombreux êtres minuscules utiles ou nuisibles au bien être de la végétation et d’un humus résultant de leur décomposition.
Progressivement il semblerait que les espaces de verdures publics accompagnent le végétal dans un autre esprit, il est vrai aussi que les nouvelles directives phytosanitaires vont dans le même sens…
Il serait possible également de choisir des plantes en fonction de la faiblesse de leurs besoins en eau ; ou de remplacer les gazons par d’autres espèces tapissantes ?
Une évolution des perceptions sera nécessaire à cet accomplissement car il est généralement admis que ‘l’effet paillasson’ est synonyme de jardin négligé.
S’il est absurde de vouloir définir les nouvelles orientations du Paysage, on peut tout de même réfléchir aux tendances actuelles avec une prise en compte raisonnée des besoins des plantes en fonction du Site qu’on leur destine.

Arrosages
Idéalement : le matin avec de l’eau à température, peu souvent et lentement en laissant la terre boire doucement et profondément et prendre le temps d’un arrosage long.
On peut penser à un paillage systématique pour atténuer les évaporation d'eau.
Enfin tout ce qu’il est raisonnable de faire pour réduire au maximum la consommation d’eau.
Bien H2O semble être une molécule toute simple, à ce jour nous ne savons pas créer de l’eau, et c’est la même eau depuis que la Planète Terre existe qu’on utilise et réutilise aujourd’hui…

Dernières Visites
En ce début du mois de juin, j’observe un jeune jardinier désherber manuellement le parterre floral des berges côté ouest, il a une bêche pour redessiner les contours et il en profite pour prélever des petits carrés de terre engazonnée pour reboucher un trou dans la clairière.
La croissance des touffes de graminées a pris du volume et de la hauteur et je remarque que la porte d’entrée de la Cabane des Canards correspond en symétrie opposée à une autre ouverture de même format...
La végétation des Berges offre un léger ombrage aussi qu’une protection contre les vents, car les Canards s’y trouvent bien et viennent souvent se reposer dans les espaces frontières à mi-ombre sous le Cerisier Japonais.
L’arbre situé à proximité de la présence permanente de la Masse Rocheuse fait se déformer son tronc presque à l’angle droit, un axe de croissance qui épouse la forme du Rocher en créant une ligne curviligne complémentaire à la pierre artificielle.
Même le Peuplier de la Clairière Ouest ne pousse pas droit…
Le tronc du Hêtre pourpre à la même couleur mastic que le rocher, et sur une image on pourrait confondre les deux matières végétale et minérale. Et c’est à regret que je constate que le revers de ses feuilles se macule de feutrage blanc formé de minuscules particules…
Il me semble que le niveau de l’eau de la Mare a baissé car je distingue clairement ses berges maçonnées.
Un petit conifère nouvellement planté dans le massif fleuri se roussit, il est peut être malade d’un feu bactérien.
Je remarque un fruitier nouvellement planté, un Cerisier vrai en tige...
Dans un jardin à chaque passage, on y dépose un peu de sa mémoire, les strates émotionnelles de l’être…

Sharon Hobby


21 février 2011

En 2011 le Square du Temple s'est fait peau neuve, la mare au canards s'est vu métamorphosée
progressivement, et cette année aussi des canetons vont barboter... vers la mi-mars


Les berges abritent des totems en bois et une nouvelle végétation comme les cannes de Provence.




Vue du Square du Temple en 2006


Vue du Square du Temple 10 juillet 15




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