mardi 5 juillet 2022

WATER GARDENS

EAU & JARDINS

dessin calque coloré Sharon Hobby


Avant Propos


Étant donné nos préoccupations actuelles quant à une approche écologique de l’organisation sociale, économique de la bonne gestion des ressources naturelles, l’Eau tient une position centrale.


Depuis quelques temps je m’interroge sur l’abandon des techniques d’adduction et de gestion de l’Eau des civilisations anciennes, l’Eau étant un élément fondateur en raison de sa rareté, de la violence des crues, et des conditions climatiques d’extrême sécheresse qu’elles devaient et continuent d’affronter…

L’abandon de ces legs depuis le Moyen Âge Français (débute à la date de l’assassinat du dernier empereur légitime Romain, Odoacre d’Oreste en 476 et se termine avec la Découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en 1492), hormis quelques exceptions, les infrastructures léguées en France par l’invasion Romaine n’ont pas été entretenues; néanmoins cette période marquée par la religiosité de la Culture Chrétienne s’est contentée essentiellement d’installer des puits dans les domaines ecclésiastiques et de préconiser une hygiène corporelle minimale…


Par ailleurs l’étude des Arts et Techniques du Monde, pourrait également être sources d’inspirations, force de propositions dans une perspective de ‘Ménager les Territoire’, (dossier synthèse en cours)


Le Grand Siècle du Classicisme Français a fait évoluer les Technologies d’adduction d’Eau, principalement au bénéfice de l’Esthétique des Jardins en négligeant les apports d’Eau pour l’hygiène corporelle et l’apport d’Eau potable pour la Population ? (À signaler les Laiteries et Grottes de Versailles)


Il aurait fallu attendre en France, le Préfet Rambuteau (1833-1848) qui organise le système des égouts et l’enlèvement des ordures ménagères, plante des arbres pour éviter les eaux stagnantes devant les maisons, crée des trottoirs en asphalte et teste le macadam ; puis le décret du 26 mars 1852 qui stipule que ‘toute construction nouvelle située dans une rue avec égout devra s’équiper d’une évacuation des eaux pluviales et ménagère’; ensuite les grands travaux de l’ingénieur Belgrand en 1855 pour la reprise des techniques des adductions d’eau, de la séparation des eaux de sources pour la distribution en Eau potable aux Populations d’avec ceux du nettoyage de la voirie; et le Préfet Poubelle instaure une réglementation sur les déchets : décrets du 24 novembre 1883 et du 7 mars 1884; la mise en place du tout-à-l’égout en suppression des fosses d’aisances date de 1894; le traitement des eaux usées : se construisent des Usines de Traitement des Eaux à Joinville en 1896 et à Ivry sur Seine en 1900, de l’hygiène; à noter que la javellisation systématique de l’eau en 1928.

Cette présente note fait un inventaire des technologies et méthodes de gestion de la distribution de l’Eau par les civilisations anciennes suivi d’une brève histoire de l’Eau à Paris, puis de quelques réflexions et propositions en partage, issues de la concertation citoyenne de la révision du PADD/PLU Parisien.



Quelques exemples rapides issues des Civilisations Anciennes :


  • Le caractère sacré des Sources
  • Méthodes et techniques de recherche de l’Eau Potable
  • Nature des différentes qualités de l’Eau
  • Empoisonnements de l’Eau
  • Moulins à Eau
  • Création de Canaux
  • La distribution comptable de l’Eau
  • Aqueducs et Châteaux d’Eau
  • Infrastructure des adductions sur des longues distances
  • Système Gravitaire
  • Tuyauterie et Entretien
  • Gestion de Eau en corrélation avec la production alimentaire
  • Économies d’eau (arrosage par inondation contrôlée)
  • La conservation des liquides et denrées alimentaires
  • Régulation thermique
  • Choix locaux des matériaux de construction
  • Ventilation naturelle des bâtiments (géothermie)
  • L’Art et Techniques des Jardins en association avec les adductions d’eau
  • Pavage poreux de la voirie romaine
  • Gestion des Eaux Usées
  • l’Hygiène corporelle


NB : également en cours de questionnement les consommation d’Eau en excès de l’Agriculture/Élevage, des Entreprises, des Ménages, de la Multiplication des Piscines privées et Municipales, de la Protection Juridique des Fleuves. Quelles conséquences de la ‘dé-salination’ de l’eau des Mers et des Océans ?    




                                                               CIVILISATIONS ARABES                                                    

                                     (d’après un cours de Mohammed El Faïz et La Culture du Paysage de L. Latir)


Les Traités

Le Tronc Commun des Sciences Musulmanes et Occidentales est légué par la Grèce Antique. 

Les manuscrits des Agronomes Arabes datent de l’Époque Andalouse où il est question de l’Eau et de l’Art des Jardins, de Pédologie, de Botanique ou d’Agriculture. Ces Traités nous renseignent sur l’étendue des connaissances acquises et diffusées par le Monde Arabe. L’universalité du langage scientifique (latin) et la traduction de tout le savoir disponible permet les échanges entre les Érudits. À leur apogée, les Écrits Arabes incluaient les textes des auteurs de Bagdad à Cordoue en passant par la Perse, l’Inde, la Chine, l’Europe de l’Est, la Sicile et la Turquie, ces deux derniers pays appartiennent à la frontière des mondes : occidentaux et orientaux. Certains traités donnent à voir des croquis de machines à eau… et apportent un fait nouveau,‘la Science de l’Ingénieur se lie aux Mathématiques’.

L’ensemble du Territoire Arabe présente des similitudes climatiques dont la même faiblesse des précipitations,  il tombe moins de 250 à 300 ml d’eau de pluie, ces données expliquent l’importance de l’Eau. 

La diffusion de la Langue Arabe et les Oeuvres de Traduction, sont encouragées par les Pouvoirs Arabes ainsi que le financement des Académies, les Sciences Mécaniques, les Équipes de Recherche et ‘tout ce qui contribue à l’enrichissement du Savoir’.                                                    

Au début du XII ème siècle Gérard de Crémone apprend l‘Arabe à Tolède et traduit 80 ouvrages scientifiques arabes.

Le Premier Traité connu est celui de Al Fahrabi, un philosophe de Bagdad.

En 1017, en Iran apparaît le Traité de « l’exploitation des eaux souterraines et les galeries drainantes souterraines » du mathématicien Muhammed al-Karaji, dans lequel il donne des explications sur la construction des canalisations situées à 200 mètres de profondeur et d’une longueur de 45 km au moyen d’instruments nouveaux comme la mire et le nivellement. 

En 1205, dans un Traité, il est fait mention de Pompes à Eau et de Moulins à Vent à Gibraltar attribués à Al Haj Yaich, un Hydraulicien de Malaga.

le Traité d’Agronomie du Sévillan Ebn el Awan, ‘Libro de Agricultura’ datant de la fin du XIIème siècle, une compilation du savoir depuis l’Antiquité, traduit en 1802 par Clément Mulet sur la demande de Napoléon III. (en prévision des nouvelles plantes cultivées comme le coton ou la canne à sucre qui demandent de l’eau en abondance) 

Au début du XIIIe, le Traité « Compendium de la théorie et de la pratique au service des arts mécaniques » d’Al Jazari, originaire du Nord de l’Irak, fait le lien entre la Pratique et la Théorie. 

La contribution des Hydrauliciens et Mécaniciens arabes atteste d’un progrès technique dans l’amélioration du système des balanciers à contre poids, dans l’usage des pompes à eau et dans l’ouverture d’un champ d’exploration des Sciences Hydrauliques de la Renaissance Italienne.

Les écrits en 1525-1585 de l’astronome Soliman le Magnifique.         

Du IXe au XIXe, les spécialistes de l’Hydraulique se déplaçaient à travers le Monde Arabe au rythme des caravanes et des expéditions maritimes. 

Pierre-Louis Violet reprend la Théorie et de la Pratique des Phénomènes Hydrauliques, dans 'l’Hydraulique dans les Civilisations Anciennes ' aux éditions de l’École Nationale des Ponts et Chaussées Paris 2000.



De la Maîtrise des Eaux

Depuis 5 000 ans, l’Egypte, l’Irak et la Syrie se confrontaient aux problèmes du manque d’eau et à la violence des crues annuelles, ce savoir a inspiré les générations suivantes. 

En Égypte, en Perse, à Babylone, les Bassins préexistent aux Civilisations Islamiques.                                                       Les Arabes n’utilisent généralement pas les citernes car ils préfèrent voir l’origine des eaux.

La ville de Hama en Syrie est réputée pour sa collection de Norias, une roue à aubes connue depuis l’Antiquité en Egypte (les bruits produits par cette machine proviennent du frottement du bois en mûrier, ressemblent aux sons émis par les chamelles ‘Naoura’). 

Vers 700 avant J.C, le roi d’Assyrie Sennachérib fait construire un aqueduc et des canalisations pour relier les villes de Jerwan et Ninive sur une longueur de 300 mètres. Un des bas-reliefs du Palais de Ninive représente trois arches en ogive et des sculptures en tête de canal et des plantations traversées par des canaux en ramification à partir de l’aqueduc.

Le Palais de Nabuchodonosor 604-561 av J.C, aux alentours de la Porte d’Ishtar révèle une série de chambres souterraines avec un système de puits à récipients disposés en chaîne sans fin conduisant l’eau aux terrasses.

Le Palais Sassanide de Kasr-i-Shirin de Chosroes II 591-628 av JC, présente des longues perspectives d’eaux et de verdures distribuées en carré ou rectangle bordée d’arbres et de croisements orthogonaux d’allées axiales.


Le Palais Achéménide de Cyrus le Grand, 550 avant JC à Parsagades s’élevait au milieu d’une esplanade de Jardins où serpentaient des ruisseaux. Les fouilles archéologiques ont mis à jour des canaux et piscines.


Zubeida épouse de Haroun El Rachid (786-809), réalise des Travaux Hydrauliques tout au long du chemin du pèlerinage de Bagdad à La Mecque, un réseau de 2 000 km de canaux ponctué de bassins circulaires.



Carthage est alimentée par un aqueduc romain dérivé par les Arabes pour fournir Tunis, l‘extension Arabe est en pisé.

La technique d’irrigation vient du système gravitaire à partir d’une retenue d’eau et se pratique par inondation, un legs de Carthage également utilisé par les Romains.


Au IXe, Madrid,’Majrît’ construite par les Omeyyades bénéficiait d’un réseau ‘Majra’ de canalisations souterraines appelées ‘viajes de l’aqua’.


Le Bassin de l’Agdal, situé à Meknès d’une profondeur de 1m20, de 340m sur 148m75 fut construit au XIe siècle pour l’irrigation des Jardins Royaux. À l’origine le Bassin était entouré de trois murailles crénelées et était alimenté par 10 Norias reliées par des canaux d’environ 25 km de long. 



La Ville de Marrakech a un réseau de 900 km qui dessert en détail la Ville et les Jardins. 


L’Alhambra, édifiée à partir de 1237, ‘Carmen de la Victoria’, Carmen vient de carme,‘une vigne sur treillage’  dont les Bassins sont alimentés par des Canaux de la Sierra Nevada. 


Au XVI la ville de Fez, (la plus ancienne du Maroc) disposait d’un système d’acheminement et d’assainissement. 


Les Bassins Circulaires de Keyrouan sont des réservoirs qui maîtrisent les crues annuelles. Les Rectangulaires sont en général d’une profondeur de 2m50 et outre l’approvisionnement en eau, les Bassins sont les lieux de Fêtes pouvant réunir jusqu’à 3 000 personnes pour assister à des Naumachies et étaient aussi des lieux de formation des Militaires à la Natation. 


La ville est généralement parcourue par un grand fleuve où s’équilibre le végétal et le minéral, les Cités-Jardins du XIIIe siècle sont composées d’un noyau historique puis de la grande ville, et en final d’une ceinture de Jardins et des Cultures Vivrières. (Marrakech, dont les remparts datent du XIIe, présente les plus anciens jardins de cette structure). 

D’après le relevé Lambert fin XIXe, une Médina de 600 hectares urbanisés s’équilibre avec 500 hectares de Jardins avec Bassins. Les Jardins en série communiquent entre eux.


Les Bassins ont chacun un nom, le tracé des Jardins est rectiligne, chaque espace se spécialise dans une variété végétale.                                                  

Une description datant du début du XIVème siècle, de Ibn Luyûn de Grenade révèle l’idéal d’une parfaite maison des champs « qu’on choisisse pour bâtir sa maison dans son jardin, le point dominant qui en facilite la garde et la surveillance. Qu’on l’oriente au midi, la porte tout à côté et qu’on surélève un peu l’emplacement du puits et du bassin ou mieux encore, qu’il y ait à la place du puits une canalisation d’eau qui coure sous les ombrages. 

Près du bassin, on plantera des massifs toujours verts, de toutes les espèces qui réjouissent la vue et plus loin des fleurs variées et des arbres à feuilles persistantes. Des plants de vigne borderont le domaine et dans la partie centrale des treilles ombrageront des passages qui ceindront les parterres comme une marge. Au milieu, on installera pour les heures de repos, un kiosque qui s’ouvrira sur tous les côtés, on l’entourera de rosiers grimpants, de myrtes, et de toutes les fleurs qui font la beauté des jardins, il sera plus long que large, pour que l’œil n’éprouve pas de fatigue à le regarder. Tout en bas, on réservera un corps de logis pour les hôtes qui viendront tenir compagnie au maître du lieu, il aura sa porte, son bassin caché de loin par un bouquet d’arbres. Si l’on installe encore un colombier et une tourelle habitables, tout n’en sera que mieux. »


Texte d’Alphand des Jardins Suspendus de Babylone : « les murs de Babylone renfermaient paraît-il, une surfacede terre labourable pour pouvoir aux besoins de la population et des jardins spacieux autour du palais dont des terrasses composées de plusieurs couches de matériaux et de bitume sous une couverture de terre et de pilastres qui supportent les plafonds et forment des encaissements pour recevoir de grands arbres, 2 à 3 mètres suffisent pour les espèces les plus vigoureuses… des appareils hydrauliques sont utilisés pour l’arrosage et fournissent l’eau aux bassins et aux fontaines intérieurs ».


Alphand ‘Jardins Égyptiens’ évoque « une cour rectiligne avec un bassin central poissonneux et suffisamment profond pour une barque. L’ensemble présente des encadrements rectangulaires successifs du plus petit au plus grand, une série de fleurs de taille moyenne toutes identiques puis de grandes fleurs de plusieurs variétés et autour du dernier cadre, des arbres et des petites touffes végétales qui abritent le Bassin. 

Les avenues rectilignes sont plantées de citronniers, de grenadiers, de palmiers et sont ombragées par des tonnelles, des colonnettes, en bois ou en pierre sur lesquelles étaient placées des traverses pour clématites, courges, vignes… 

Les pieds des arbres sont protégés par des encaissements en maçonnerie. Les bords des canaux d’irrigation sont ombragés par des plantations »



Les Techniques

Le legs de la Mésopotamie et de la Perse est considéré comme le point de départ des techniques concrètes du creusement des canaux et de leur entretien. La répartition de l’eau est gérée de façon comptable dès le IXe siècle.

Selon les régions, les noms diffèrent pour désigner les galeries et tunnels souterrains, des constructions qui permettent de récolter les eaux d’infiltration.                                                                                                                                 L’étymologie des mots retrace les sources de la connaissance et l’on pourrait supposer une transmission réciproque des connaissances orientales et occidentales lors de leurs contacts historiques ou commerciaux.’Qanât’, ‘Kanat’, ou ‘Qanât’ en arabe ou ‘Foggara’ dans les régions de Gourara dans le Sahara ou dans la région d’Adras dans le Toat ; ‘Khettara’ au Maroc ou ‘Karez’ en Persan signifie le perçage d’un tunnel dans une falaise ou à la base d’un secteur montagneux pour créer un tunnel horizontal de faible pente où des galeries recueillent l’eau suintant le long des parois pour former un ruisseau permanent qui rejoint une nappe.                                                                                                                           Pour construire un Canal, ‘Seguia’ en Arabe, la méthode consiste à rechercher au pied d’une montagne, une nappe phréatique et des sources qui forment un puits mère, ensuite l’eau transite de puits en puits jusqu’à sa destination finale. (On peut encore voir les traces de cette méthode dans les vestiges de ces ‘puits de descente’ à Madrid, construits sous le règne d’Isabelle II).                                                                                                                                                                   D’un canal part plusieurs bras, en Syrie on dit ‘paume de la main’, qui se répartit selon le système gravitaire. Un système de distribution à la sortie d’une source, comme les dents d’un peigne, ‘Kesria’ permet le comptage du volume d’eau.


Les Jardins Islamiques

Les Jardins ont plusieurs fonctions, ils contribuent au développement des villes, à la maîtrise de l’Hydraulique et de l’Agronomie. 

Jardiner dans l’objectif de produire de la nourriture est un acte de grande valeur pour la Philosophie Soufi dont l’un des rituels des mystiques est le transport nocturne de l’eau pour remplir les réservoirs tout en récitant le Coran, recueil sacré dans lequel de nombreuses sourates se réfèrent aux Jardins.

Les quatre fleuves du Paradis Musulman représentent l’eau pure, le lait, le vin et le miel. 

Les premières traces archéologiques datent de 730, où le tiers des espaces fortifiés était réservé aux Pavillons entourés de Jardins. 

En langue Arabe, plusieurs mots désignent les Jardins, selon leur style, leur fonction ou leurs différents Sites, quelques exemples reliées à l'Eau : Buhayra est un jardin potager avec de grands bassins; Sania ou Swani désigne un jardin privé irrigué par un système hydraulique; Jnan en arabe classique ou Janna est un jardin non arrosé à l’extérieur de la ville; Arsa est le jardin verger irrigué intramuros de la Médina; Riyad est la cour jardinée d’une habitation, une oasis de céramiques, de fontaines, d’oiseaux et d’une végétation ordonnée selon un plan orthogonal aux allées dallées; Suhayla est un jardin en bordure de rivière. 


                                                          






                                                     CIVILISATION GRECQUES ET LATINES                                  

                                            (d’après un Cours de Philippe Nys) 



Thalès considère que l’eau est le principe fondamental, mais aucun de ses écrits nous est parvenu, seulement des citations et analyses d’autres auteurs. 

Pour les Grecs, les grottes, les eaux et les sources sont des éléments essentiels dans l’idée de Nature et représentent les lieux mythiques des origines. 

La première Nature est un mélange terre-eau.                                                                                                                              Avec l’Air, la Terre, le Feu, l’Eau est un des quatre Éléments Premiers, « lesquels mélangés et combinés ensemble de diverses manières et suivant leurs natures et leurs qualités ont produit tout ce qui existe »


Le Bouclier d’Achille décrit dans l’Iliade représente les douze scènes de sa fabrication,‘Euphrasis’, « l’ouvrage ne serait pas fini, en l’absence de l’eau », symbolisée par un double cercle sur le contour du bouclier, le visuel de cette représentation graphique nous est seulement connue par une gravure datant du XVIIIème.  


Les grottes sont ornées d’éléments architecturaux, sur leurs parois grimpe la vigne et d’autres plantes odorantes. Sous les bosquets de verdure sont disposés des bancs et les bois sacrés sont sanctifiés par des autels, des fontaines, des sculptures…

Dans les grottes des Nymphées, il a été trouvé des ex-voto en terre cuite consacrés à Pan et aux Nymphes datant du 4es et 2e avant J.C. Les Nymphes des Sources avaient la réputation de donner la santé car leur eau était considérée comme sacrée.

Les grottes sont naturelles ou construites par l’Homme et se présentaient sous la forme d’une chambre creusée dans les rochers où aboutit une source, créant ainsi un espace favorable pour la prise de repas et accompagne de la possibilité de boire de l’eau à même la source.

Au niveau technique, le principe d’une pompe à piston est attesté au 2es avant JC.                                                            Les aqueducs imitent le tracé des fleuves en contournant les obstacles comme l’aqueduc de Samos au 6es siècle avt JC.                                                                                                     



Textes Grecques en référence à la Nature et à son Eau

Les anciens, les premiers à faire de la théologie (philosophie première selon Aristote) faisaient d’Océan et de Thétys les ancêtres de la génération des anciens et disaient que le serment des dieux se fait par l’eau, à laquelle les poètes donnent le nom de Styx. (Homère, l’Iliade)                       


Homère ‘L’antre de Calypso’, L’ Odyssée : « Quand, au bout du monde, Hermès aborda l’île, il sortit en marchant de la mer violette… quatre sources versaient leur onde claire, puis leurs eaux divergeaient à travers les prairies molles » ‘le jardin d’Alcinoos’ : « Du plus complet des potagers, vert en toute saison, il y coule deux sources ; l’une est pour le jardin qu’elle arrose en entier, et l’autre sous le seuil de la cour, se détourne vers la haute maison où s’en viennent à l’eau tous les gens de la ville»


Aristote ‘Métaphysique’ : « une certaine nature unique, ou bien plusieurs, à partir de lesquelles sont engendrées toutes les autres alors que celle-ci se conserve » (Pour Thalès, le fondateur de cette conception philosophique, ce principe est l‘eau… les semences de toutes choses ont une nature humide ; de telle sorte que l’eau est pour les choses humides le principe de leur nature)

Aristote : « les plantes et les corps simples, comme terre, feu, eau, air… chaque être naturel a en soi-même un principe ‘arché’ de mouvement ‘kinésis’ et de fixité ‘statis’ ; les uns quant au lieu ‘topos’; l‘accroissement ‘auxéris’ et décroissant ‘phtisis’, d’autres l’altération ‘alloiôsi’ »


Hippocrate ‘Des airs, des eaux, du lieu’ : « il faut également considérer la qualité des eaux, car autant elles diffèrent par leur saveur et par leur poids, autant chacune d’elles diffère par ses propriétés…  et comment les eaux se comportent, il s’assurera si on fait usage d’eaux marécageuses et molles, ou d’eaux dures et sortantes de l’intérieur des terres et des rochers ou d’eaux salines et réfractaires… il examinera si le sol ‘Gé’ est nu, ou boisé et humide »


Philon de Byzance : « les mouvements des eaux, dont les sources viennent de lieux dominants ou bien s’écoulent tout droit et en pente, ou bien s’élèvent en jaillissant en forme de spirales, parce qu’elles courent autour de l’hélice des machines, sous la contrainte des appareillages, elles s’élèvent alors jusqu’à de grandes et nombreuses fontaines, et arrosent le jardin tout entier en mouillant, en profondeur, les racines des plantes, conservant l’humidité de la terre arable…  la racine dont on fait en sorte qu’elle n’ait pas soif, aspire l’humidité des eaux qui courent à proximité, tournoie dans le réceptacle que forment les tresses souterraines entre elles et garantit aussi sûrement aux arbres vigueur et croissance » 



JARDINS LATINS


Les Romains en tirant les secrets de la Nature développent l’association ‘Techne’ et ‘Ars’ pour créer des ouvrages pérennes. Cette maîtrise technique se manifeste dans les réalisations des Aqueducs et l’aménagement de Rome, « la Ville aux Mille Fontaines ». 

Au III ème siècle, les onze aqueducs romains fournissent 1 Million de m3/jour.


Les Romains au 3e avant JC savaient construire des orgues hydrauliques, décrites par Ctésibios d’Alexandrie et une horloge musicale décrite par Vitruve ‘De Architectura’

On leur doit peut-être les premiers moulins à eau au 1er avant JC ?    

Il y avait également des piscines, au 1er avant J.C, c’étaient des viviers d’eau salée mélangée à une eau douce conduite par cascade pour créer de l’eau saumâtre, un milieu favorable pour l’élevage des Anguilles. 

Dans les îles, de grandes citernes recueillaient les eaux de pluie et des galeries capturaient l’eau souterraine. 

Dans les villas, un système de bains froids, tièdes et chauds participaient à l’hygiène corporelle des Romains qui avaient un grand soin d’entretenir le corps par la culture physique. 

Les Romains sont sensibles à la vue panoramique depuis un site rocheux surplombant la mer ou un lac.                        La Villa Maritime au 2e avant J.C est un modèle d’Otium avec vue sur l’eau. 

Elle est subdivisée en terrasses et s’entoure de nombreux édifices annexes comme des grottes, des belvédères et des façades en saillie et n’est accessible que par voie maritime.

Le choix du site est déterminant car il requiert des grands reliefs paysagers, des côtes rocheuses, des golfes, des baies, des îles escarpées, des presqu’îles, des promontoires d’où les vues sur la mer peuvent présenter des aspects variés et les Villas devaient se faire admirer depuis le rivage. 



Textes Latins en référence à l’Eau


Lucrèce ‘De rerum natura’ : « Vénus nourricière …,  la mer porteuse de vaisseaux… les plaines des mers te sourient »


Varron ‘Economie rurale’ : « éléments premiers, (selon Ennius), le monde est fait, l’eau, la terre, l’air et le soleil »


Pline l’Ancien ‘l’ars toparia’ (peinture des paysages) : « des villas magnifiques dont l’entrée est un marécage »


Quintilien ‘de institutio oratore’ : « disposition en quinconce, à l’avantage de pomper dans d’égales proportions le suc de la terre »


Ovide ‘les Métamorphoses’ : « Il ordonna (aux mers) d’entourer la terre de rivages, il ajouta les sources et les étangs immenses, les lacs et il ceignit les fleuves en pente de rives obliques »


Virgile ‘le Jardin de Priape’ : « et le berceau de fraîcheur où les roseaux font de l’ombre »


Pline le Jeune ‘Lettres’ Villa Rufus : « salle d’ombrage si fraîche sous les platanes, du canal (Euripus) aux eaux vertes  et cristallines, du lac qui s’étend à ses pieds… la beauté de son site (opportunis tatem loci), l’étendue de sa plage » 


Aelius Aristide 'Eloge de Rome’ : « La mer Rouge, les chutes du Nil, le lac Maïôtis, qui avaient la réputation de se trouver aux extrémités de la Terre »


Philostrate ‘La galerie de tableaux’ Le marécage : « Le terrain est humide, il est couvert de roseaux et de brindilles qui croissent naturellement sans semis, ni labour dans les lieux marécageux. On distingue le Tamaris et le Souchet, qui sont des plantes aquatiques. Des sources jaillissent en bouillonnant des hauteurs, elles suivent les pentes et confondant leurs eaux font de la plaine un marécage, il n’y a d’ailleurs ni désordre ni confusion. L‘art a dirigé les cours des ruisseaux comme l’auraient fait la nature » 


Longus ‘Pastorale Daphnis et Chloé’: « Il était beau ce bois aux arbres épais, plein de fleurs et de frais ruisseaux, une seule source nourrissait à la fois les arbres et les fleurs.» 


Cicéron ‘De natura deorum’ Seconde nature : « nous fertilisons la terre pour l’irrigation, nous confinons l‘eau des fleuves et nous redressons et détournons leurs cours »


Cassiodote ‘Varuarum libri : « Les aqueducs de Rome se font remarquer par leur structure et la salubrité de leurs eaux, ces montagnes artificielles (quais constructis montibus) qui y amènent les eaux. Avoir pu soutenir pendant des siècles l’impétuosité si rapide du courant les lits des torrents s’effacent, mais cet ouvrage des Anciens ne se détruira pas, tant que l’industrie veillera à sa conservation » 



Vitruve ‘De Architectura’, VIII

Chapitre I De aquae inventionibus’ des découvertes de l’eau, Recherche des eaux sous terre : Un peu avant le lever  du soleil, se coucher sur le ventre, et ayant le menton appuyé sur la terre où l‘on cherche de l’eau; si l’on voit en quelque endroit une vapeur humide s’élever en ondoyant, il faudra fouiller. Selon la qualité des sols : Argile: l’eau ne sera pas très abondante, peu profonde et de mauvais goût; Marne désagrégée : peu d’eau, creuser profond, boueuse et désagréable; Terre noire : la meilleure est celle qui rassemble les pluies d’hiver et s’arrête dans des endroits où la terre est assez compacte pour la retenir. Graviers : l’eau est bonne, rare, et les sources sont instables; Sablon mâle : veines de gravier et de pouzzolane, sources abondantes si elles ne coulent pas dans les interstices des pierres; Pied des montagnes : roches siliceuses, sources abondantes, eaux fraîches et stables; Plaines : eaux saumâtres, lourdes, tièdes et peu agréables à boire, sauf si les eaux viennent des montagnes, et si, conduites par voie souterraine, elles sont abritées par les ombres des arbres qui leur garde leur suavité. Sur les pentes des montagnes en direction du septentrion on trouve l’eau, les rayons obliques ne dessèchent pas la terre, eaux de la fonte des neiges des sommets. Si des petits joncs, des aulnes, roseaux, lierre, diverses plantes semi aquatiques poussent spontanément, hors zone des marais, cela indique la présence de l’eau. Technique de forage : creuser un trou de 5 pieds de profondeur, au coucher du soleil, prendre un vase en plomb, ou d’airain, en ayant graissé l’intérieur avec de l’huile et le poser renversé dans le fond du trou, si le lendemain, on trouve des gouttes d’eau attachées au-dedans du vase, c’est un signe qu’il y a de l’eau à cet endroit. Ou bien mettre de la laine, et si en a tordant, il en coule de l’eau ou bien allumer un feu, s’il s’élève une vapeur épaisse, c’est le signe de l’eau. Pour les puits, en mettre plusieurs en connexion par des conduites souterraines.

Chapitre 2 De aquae imbrium’, La rosée : la terre se refroidit la nuit, un brouillard s’élève des lieux humides, ce sont les rayons du soleil qui frappant la terre au matin font monter l’humidité qui produit la rosée, la vapeur chaude s’élève. Vents desséchants : aquilon, septentrion, (des régions froides), auster (?), ceux du Midi sont très humides et apportent la pluie. Les sources des Grands Fleuves viennent du septentrion : le Gange, le Tigre, l’Euphrate, le Borysthème, l’Hyparis, le Tanaïs, le Phasis, le Rhône, le Rhin, le Timavus, le Pô, le Tibre, le Dyris, le Nil…

Chapitre 3 De aquis calcins et de variorum fontium, fluminum acuumque natura’ : Certaines sources d’eau chaude sont bonnes à boire, citation des mauvaises comme les eaux de l’Albula à Tivoli. Chaudes : Utilisations médicales des eaux sulfureuses (mauvaises humeurs), alumineuses (paralysie), bitumeuses (purge de maladies internes). Froides : nitreuses (purge et fonte des écrouelles). Les sources sortant des mines d’or, d’argent, de fer, de cuivre, de plomb, de divers métaux sont mauvaises car réputées pour produire des endurcissements, des gonflements, nerfs et jointures, provoquant la goutte, les maladies nerveuses car obstruant les porosités du corps.

Près d’Athènes, les eaux écumeuses sont impropres à la consommation, servent pour la lessive et les jets d’eaux. Les eaux de Trézène, celle de Cibdèle donnent la goutte aux pieds. Mais le fleuve Cydnus qui traverse la ville de Tarse dans la Cilicie, soulage les douleurs de goutte. Le fleuve Himère en Sicile se divise, l‘un de ses bras qui va vers le Mont Etna est buvable, l’autre est trop salée. À Babylone, le Limné asphaltis, voit du bitume liquide flotter à la surface, Sémiramis l’employa pour joindre les briques des murs d’enceinte. De l’importance de la qualité des eaux et des terres qu’elles traversent sur le goût des fruits. Les spécialistes grecques des eaux comme Théophraste, Timée, Posidorius, Hégesias, Hérodote, Aristides, Metrodore affirment : « il faut apporter la plus grande attention pour choisir les sources dont les eaux peuvent contribuer à entretenir les hommes en parfaite santé ».

Chapitre 4  De aquarum experimentis’ des épreuves des eaux : Pour tester une eau, jeter quelques gouttes sur un morceau de cuivre, si elles ne font pas tâche, c’est que l’eau est excellente. Ou la bouillir, et s’il n’y a aucun dépôt au fond ni sable, ni limon, si les légumes cuisent vite, c’est qu’elle est bonne.

Chapitre 5 De libra tionibus aquarum’ et instrumentis ad nunc usum’ le nivellement de l’eau : Le Chorobate est un niveau à eau, utilisé jusqu’au XVII siècle.

Chapitre 6  ‘De ductionibus aquarum’ des conduites d’eau, Rigoles dans un canal de maçonnerie : la Pente doit être suffisante pour aboutir à un réservoir, un triple bassin de distribution, celui du milieu récolte le trop plein des 2 autres, puis les eaux se dirigent vers les lavoirs et les jets d’eau, un autre vers les bains, et le dernier des trois vers les habitations privées. La cendre fine fait œuvre de jointure. Les tuyaux en plomb sont dangereux pour le corps et sont nuisibles à la santé, cela est prouvé par les plombiers que l’on voit d’ordinaire êtres pâles à cause de la vapeur qui s’élève du plomb lorsqu’il est fondu. Pour avoir une bonne eau, il ne faut pas l’emmener dans des tuyaux de plomb, l’eau est plus agréable à boire quand elle a été conduite dans de la poterie.

Chapitre 7De putueorum fossionibus, de cisterciens’ du creusement de puits, de citernes. Test : descendre une lampe allumée au fond d’un puits, si elle s’éteint, il faut creuser deux autres puits à côté et faire des soupiraux, par lesquels les vapeurs puissent sortir.                                                                                                                                                     Ingrédients : sable net et aprets, cailloux cassés, forte chaux, pour faire du mortier. Laisser un passage libre pour les sources en construisant les murs du puits, et prévoir deux ou trois réservoirs pour que l’eau puisse aller de l’un à l’autre.    



                                                    

                                                                    MOYEN ÂGE FRANÇAIS    

                                                   (d’après un Cours de Mme Haudebourg)


Le Moyen Âge a verrouillé toute la connaissance humaine en faveur d’une exaltation divine. 


Le Cantique des Cantiques dans son éloge à la Femme la compare à une source, une fontaine scellée « fons hortorum »; le Moyen Âge fait devenir cette femme Marie.


L’Ancien Testament propose une lecture de la création du monde dans la Genèse, le Mythe de la Séparation des Eaux. 

Noé accoste lorsqu’une Colombe revient avec un brin d’Olivier dans le bec, donnant ainsi la preuve qu’une terre est redevenue cultivable car l’Olivier dépérit dans des sols gorgés d’eau. 

Moïse, l’enfant sauvé des eaux, flottant sur le Nil dans son berceau de roseaux. Adulte, il conduira les Hébreux vers leur terre promise en faisant s’écarter les eaux de la mer Rouge qui se referment sur le passage des armées Égyptiennes. 


Les moines et les érudits créent une nouvelle cabale et réduisent le monde à une arithmétique chiffrée.  

Le chiffre 6 représente les six jours de la création du monde par Dieu.                             

Le chiffre 40 représente la pluie, en référence au Déluge où il a plu pendant quarante jours et quarante nuits. 


La rosée appartient aux eaux d’en haut, un symbole ancien, un mythe archaïque du liquide séminal.                                Les Alchimistes recueillaient la rosée dans des draps et la distillaient dans le processus de ‘l’œuvre en blanc’. 


Les Marins qui accompagnaient Christophe Colomb avaient la crainte de rencontrer ‘les eaux bouillonnantes’.                                                                                                                        


Pour les sciences occultes, l’eau est guérison, un linge imbibé d’eau permet la résurrection des enfants morts nés, mais seulement pendant le temps d’être baptisés. 


Le Moyen Âge développe la création d’un nouveau mythe ‘la Fontaine de Jouvence’,  son eau apporterait le rajeunissement à celui qui s’en abreuve. 

D’autres fontaines magiques sont gérées par les Religieux; une reprise du thème de la fontaine miraculeuse qui depuis les temps druidiques avait le pouvoir de guérir de la folie et de la gale. 

La plus connue de ces fontaines est ‘Barenton’ dont les pouvoirs sont censés guérir les maladies mentales.                           Il est également fait mention d’une fontaine parfaite à 16 bouches (4x4) à Thoronet, 


Le Moyen Âge Littéraire donne une symbolique différenciée selon les eaux vives et les eaux dormantes. 

Une eau vive représente la passion et une eau dormante est un miroir ou une passion éteinte. 


En Architecture, au centre du Cloître se trouve une Fontaine, parfois nommée Lavabo ou Puits, une autre représentation de l’Eau du Paradis.


L’Eau a une vertu purificatrice liée à l’hygiène, la coutume voulait qu’on se lave les mains et la figure avant d’entrer dans une église ou un réfectoire. 




                                                       






                                                                  CLASSIQUE FRANÇAIS 

                                                       (d’après un Cours de Frédéric Sichet) 

 

Les Traités

« La Science des Eaux …» en 1654 et «L’art des Fontaines…» en 1665 de Jean François (Le Père), « Règles pour les Jets d’Eaux…» en 1693 et « Traité du Mouvement des Eaux et des autres corps fluides » en 1700 de l‘Abbé Mariotte, « Traité d’Hydraulique convenable aux jardins » en 1709 d’Antoine Joseph Desallier d’Argenville, 'Architecture Hydraulique, ou l’Art de conduire, d’élever et de ménager les Eaux', en 1782-1790 de Bernard Forest de Belidor.

Également certains passages sur l’Hydraulique d’Olivier de Serres « Le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs » en 1600-1605 et ceux de Jacques Boyceau de la Barauderie, au chapitre « L’Esthétique, Techniques de l’Acheminement de l’Eau » en 1638. Au XVIIe, chaque ville a ses ‘Plombiers’ et au XVIIIe se met en place une synthèse des connaissances par l’Académie des Sciences.


Des Techniques Hydrauliques

L’Académie, crée en 1666, se réunit régulièrement dans la Bibliothèque du Roi, rue Vivienne. Certains de ses membres vont s’intéresser à l’Hydraulique comme Edme Mariotte dont l’œuvre se porte sur le mouvement des Eaux, la quantité consommée par un jet d’eau, les distances, le mètre cube, les pompes, le nivellement… ces divers travaux sont discutés au fil des réunions. Le savoir mis en place sert de référence jusqu’au Premier Empire puis un grand changement intervient au Second Empire…


De la recherche des Eaux

Différentes Théories sur l‘origine des Eaux sont encore en discussion au milieu du XVIIe. Le questionnement porte sur l’hypothèse de la provenance de l‘Eau : de la mer, des océans, l’eau salée passe sous terre se purifie après ‘filtrage’; ou si c’est la boucle ‘nuage-pluie’, si les nuages sont le produit de l’évaporation ou si l’eau résulte de la condensation dans les cavernes ou encore si c’est l’eau de la mer qui rencontrant les abîmes d’un feu central se transforme en vapeur… Plus concrètement, Vauban fait l’expérience du Bassin Versant où l’eau récoltée en m3 est proportionnelle à la surface du Bassin (l’Eau se rassemble dans une rigole centrale au creux des pentes des versants). La connaissance  des phénomènes naturels permet une meilleure exploitation par captage des eaux des pluies, sous la réserve de rencontrer des conditions favorables selon les strates géologiques, pente et contre-pente, pour produire une Source.


Captage et Repérage des Sources

L’eau se trouve généralement à une profondeur de 150 mètres. Les moyens à utiliser sont la reconnaissance du terrain, l’observation d’une pente pas trop marquée, une végétation caractéristique des milieux humides.
La méthode des Fontainiers : formation de brouillards d’eau au petit matin, un tournoiement de mouches, tôt matin ou tard le soir, topographie, cirque, bassin versant... De la question de ‘la baguette divinatoire’ ou le savoir du sourcier, « l’Académie est, à ce sujet divisé en deux clans, elle expérimente » (Desaillier organise un piège pour un Sourcier).

D'autres techniques pour recueillir les eaux se font au moyen des chenaux de 30cm par 30cm avec des pierrées et sous pierrées comme à St Cloud. Le Principe repose sur des murs avec des Barbacanes posées le long de parois construites et au sol, des chenaux ou des pierres retiennent l’eau qui suite des murs. Pour les rivières et les sources, en l’absence de pompes, on recourt aux rigoles de 60cm de profondeur qui forment un système de rigoles principales et secondaires de drainage à ciel ouvert avec des ouvrages de franchissement dans les allées en Forêt. Cet ensemble forme un maillage qui débouche sur une série d’étangs ou de réserves d’eau. En cas d’obstacles, butte, tertre, les rigoles les contournent. 

Cette méthode demande un entretien régulier. Sur une carte, les rigoles sont dessinées en pointillé et les petits cercles désignent des retenues d’eau ou des étangs. Il existe divers autres systèmes de puisage des eaux par collecte ou pompage. À St Cloud, au XVIe, la Source de la Reine est abritée par une cabane maçonnée, on y accède par un puits, cette source sort en griffons, en plusieurs endroits. À Courances, le Jardin en pente a une rivière en contre bas les tranchées drainantes ont un fond de fossé de 1,60 mètre de large. À Réveillon, il n’y a pas de sources, un étang est creusé, les remblais forment une digue qui laisse un passage pour la rigole et un puits pour le mois d’août quand il y a plus d’eau…À Vaux-le-Vicomte, il y a un réseau de rigoles de 3 à 4 km. 


Le Stockage des Eaux

Pour un petit bassin, il faut construire un muret en terre servant d’isolant puis un corroi de glaise en forme de L, ensuite un deuxième muret construit au trois quarts de la hauteur du mur isolant et à son extrémité basse horizontale est posée une planche de chêne, ‘le racineau’ qui repose sur 30cm d’argile, puis est étalée une bonne épaisseur de gros sable et de cailloux ou de galets et pour conclure l’ouvrage un placage de gazon se pose sur les parties aériennes. 

Pour un Grand Bassin : excaver le volume du bassin dans une pente, en prendre les remblais pour construire la digue. Il faut choisir une pente avec une étanchéité naturelle composée d’argile verte dont l’avantage est de limiter les travaux de terrassement. Pour créer un Étang, faire un barrage pour un Ru, le point d’intersection des rigoles conduit l’eau pour remplir un étang. Dans le cas de rivières aux berges empierrées il n’est pas nécessaire de prévoir l’étanchéité.

Les Berges : remplissage de pierres avec mortier, chaux et sable, racineau de chêne pour aligner la maçonnerie, sur un sous-sol 8m de tourbe.


La Tuyauterie

Autrefois les tuyaux étaient en bois foré, en chêne, orne, aulne, pin, sapin et s’emboîtaient selon le principe mâle femelle et étaient renforcés par des cercles en métal ou deux embouts sont assemblés avec des frets métalliques. 

La durée de vie d’un tuyau en bois enterré est de 20 ans et sous l’eau, la conservation est plus longue. 


Unités de l’Époque

Mesures : Une toise vaut 1m96, Une toise vaut 6 pieds. Un pied vaut 32,67 cm. Un pied vaut 12 pouces.                             Un pouce vaut 2,72 cm. Un pouce vaut 12 lignes. Une ligne vaut 2,27mm.


Archives

Exemple de travaux entrepris le 26 septembre 1687, pour l’étanchéité d’un canal de 86 toises de long sur 10 toises de large à Fremont pour son altesse Le Chevallier de Lorraine : Excavation et transport de la terre du canal, tapissage de terre glaise d’une épaisseur minimale de 18 pouces sur toute la superficie du canal suivi de l’approbation d’un expert.
Exemple de devis pour la construction des 5 bassins de fontaine du Parterre de Venus de SAS à St Cloud au côté de Sevres, 1er août 1673 : Le grand bassin central sera fouillé de 9 toises hors œuvre. Fondations : bon moellon de mortier de chaux et sable de 2 pieds d’épaisseur pour le centrale et de 20 pouces; à l’extrémité du massif, seront faits des murs de douves à leur périphérie avec du bon moellon piqué assis sur mortier de chaux et sable de 18 pouce de parpaing bien conditionné. L’ensemble sera rempli de glaise pétrie dont l’intérieur de l’ouvrage pourrait donner une distance de 2,5 pieds des murs des douves extérieures. Il sera par suite posé une assise de pierre de Meudon et les joints seront fichés et coulés à chaux et à ciment et le Rouet garni si nécessaire de moellon et mortier de chaux et sable pour faire le parpaing du second mur de douve intérieur, rempli de corroi de glaise de même qualité dans l’espace compris entre les deux murs des douves, intérieur et extérieur. Pour la conservation du corroi, la pierre de taille sera posée sur un lit de sable de 3 à 4 pouce d’épaisseur. Le pavement de grés des bassins sera fait sur toute son étendue avec du pavé de Fontainebleau ou Lucienne fendu en 3 et en 4 et posé sur le lit de sable avec du mortier de chaux et sable en ayant pris le soin de prévoir les trous pour les conduites d’alimentation et d’évacuation des eaux avec des pentes conformes à l’usage. Tous ces travaux seront vérifiés par des experts.

Dernier mars 1703 Devis et marché de l‘entretien des fossés du Petit Parc de Versailles et Dépendances avec Jacques Janson 1685, 28 mars « Devis des ouvrages qu’il convient faire pour rechercher et conduire environ 15 pouces d’eau de Source au Palais de St Cloud au réservoir proche le pavillon qui était ci-devant au St Verdier (construction de l’aqueduc de Villle-d’Avray par Samson » : Premièrement, faire 300 toises de tranchées, et d’y poser des tuyaux de gros, 5 pouces de diamètre. Faire 200 toises d’aqueducs de 5 pieds sous clef et de 2 pieds et demi de large dans l’œuvre. Les murs et voûtes de 18 pouces d’épaisseur maçonnés avec moellon du banc blanc de St Cloud ou de meulière, avec mortier fait de chaux et sable du pays où il entrera le tiers de chaux et deux tiers de sable, lequel aqueduc commencera  à 5 pieds et finira à 15 de profondeur ou environ. Faire 180 toises d’aqueduc de pareille construction qui commenceront à 15 pieds de bas et finiront à 80 de profondeur. Mettre des tuyaux de fer de 4 pouces et demi de diamètre depuis l’endroit  où ladite eau commencera à être forcée jusqu’à l’endroit ou elle sera rendue de niveau proche du réservoir qui est environ 500 toises de longueur. Faire 100 toises de tranchées et y poser des tuyaux de grès de 5 pouces de diamètre maçonnés à chaux et ciment tant au bout de l’aqueduc que depuis l’endroit où l’eau sera rendue de niveau jusqu’au réservoir. Sur ladite longueur il faut 4 regards contenant chacun 2 pieds et demi de large sur un pied et demi de haut.


Le Jardinier Fleuriste de Liger, Chapitre VII Instruction sur les Eaux-jaillissantes : On commence d’abord à considérer le lieu où l’on est, à examiner s’il peut y avoir des sources, d’ordinaire à mi-côte ou sur le penchant de quelque montagne. On peut creuser en sureté là où se trouve le point d’égouottement des eaux souterraines formées par les pluies ou les neiges fondues; en faisant attention à la nature des terres, en observant les obstacles ou ses divisions en plusieurs bras d’eau. Dans ce cas, il faut choisir l’endroit le plus élevé pour prendre la source à son origine et de pouvoir fournie des jets élevés. On creuse plusieurs puisards en prenant garde de ne pas percer la couche de glaise, les puisards communiquent entre eux par des rigoles ou pierrées bâtis de pierres sèches afin de recueillir les eaux du ciel. Après la découverte de l‘eau, on la conduit vers un terrain plat où l’on construit un réservoir qui laisserait une pente suffisante pour les hauteurs de jets, raccordé aux conduites des bassins.


 

                                                                     





                                                                                                  JARDINS DE CHINE                                                    

      (d’après un cours de de Chebing Chiu) 


Philosophie et Spiritualité

Au niveau philosophique, le Sage aime l’eau car l’intelligence est vive comme l’eau. 

Les éléments architecturaux sont placés sous le signe de Confucius, ils sont classés par hiérarchie, une axialité, une symétrie, soit un vis-à-vis par rapport à un axe de composition. 

La désignation des choses précède à son traitement.

L’un des motifs essentiels de l’Art Pictural est l’association de la représentation d’une montagne avec l’élément Eau, un binôme formulé par Confucius. 

Au niveau spirituel, la Chine connaît trois grands mouvements de Pensée, le Taoïsme et le Confucianisme au 5e avant J.C puis le Bouddhisme au Ier siècle de l’Ère Chrétienne.

La pensée Taoïste, définie par Lao Zi et Zhang Zi, préconise un idéal de vie dont le principe est de mener une vie simple en s’adaptant aux rythmes de la Nature. 

Né en 365 le Grand Poète Tao Yuanming, excelle dans cet art de vivre, il est considéré comme étant le père fondateur du style champêtre, ses textes sont traduits en Français.


Organisation spatiale ds Jardins

La division d’un jardin en de multiples espaces crée l’illusion d’un Grand Jardin. 

Au début du XIIème siècle, l’Empereur Huizong, un esthète et concepteur de la combinaison des trois perfections, ‘Sanjui’, une association peinture-poésie-calligraphie, l’empereur est un passionné des Jardins, il construit une voie impériale bordée de Canaux et crée de nombreux Jardins, dont un de montagnes artificielles.

Chi Cheng, Maître Jardinier, préconise l’utilisation des éléments trouvés sur place. 

Un Jardin Urbain est le lieu où le maître se retire pour trouver une sérénité autour d’un plan d’eau. 

Les Jardins Chinois ne se laissent pas voir dans leur ensemble et le vis-à-vis ne débouche pas sur des points morts. 

À chaque pas, une scène nouvelle s’offre au regard, et pour cela l’Art des Jardins Chinois demande l’aménagement de couloirs visuels… Une Galerie entoure l’Habitat, des panneaux ajourés sont amovibles et présentent des vues dans toutes les directions. Les Galeries servent aussi de débarcadère et d’abri contre de la chaleur, elles sont souvent construites en zigzague et en altimétrie. 

Les Jardins Chinois occultent délibérément l’effet de perspective. Aux grands axes à découvert ils opposent des obstacles opaques. De même les cheminements évitent la ligne droite et proposent des tracés en zigzagues. 

Les Pièces d’Eau sont entourées de Terrasses rectilignes, mais leurs contours sont circulaires. 

Comme on ne doit pas voir l’élément Eau en contact avec ses limites maçonnées mais donner l’illusion que l’eau ‘passe en dessous’ pour aller ailleurs, des Pierres surplombent l’Eau. « On ne doit pas voir l’épuisement de l’eau ». 

Un pont peut être de très petite dimension, 2 mètres, et est souvent encadré d’une Pergola, puis celui-ci se masque par un élément écran, ce qui provoque le désir de poursuivre le cheminement du regard et induit donc la promenade, une découverte successive des lieux où les cinq sens dialoguent avec le promeneur.

Les murs des Jardins et les Galeries des Pavillons sont percés pour des raisons d’esthétisme visuels pour permettre l’extension des espaces intérieurs vers l’extérieur, et offrir un double cadre pour la vue. Les Portes de Lune permettent de montrer des séquences végétales au-delà de la cloison murale, au visiteur d’en imaginer la composition d’ensemble. 









 

JARDINS DU JAPON

    (d’après un cours de Denis Marie Lahellec) 


Géographie et Philosophie

L’Archipel comme La Chine n’a pas subi la Glaciation du Quaternaire, ce qui explique la présence de plantes fossiles comme le Ginkgo, les Cycas, les Fougères et les Mousses… 

Les Roches Volcaniques procurent depuis le sous-sol une eau chaude pour les bains.

Du fait de sa géographie, de son relief montagneux qui couvre l‘ensemble du Territoire, l’Urbanisation se répartit en densité très forte le long du Littoral sur 300 kilomètres, dont la conséquence est une concentration de Sites pollués et de nuisances sonores en contact étroit avec la Population… L’ancienne capitale fut Kyoto et la nouvelle est Tokyo qui comptabilise actuellement 23 Millions d’habitants.

La Latitude est celle du Sud de la France, de l’Espagne et le début des Côtes Africaines, mais les climats sont contrastés par des intempéries violentes et éprouvantes sur un terrain soumis à des séismes volcaniques permanents d’intensité variable. Par conséquent les matériaux de constructions sont simples et éphémères, dépourvues d’éléments décoratifs,    et cette précarité induit une Philosophie de la vie qui inclut une grande relativité, un attrait perpétuel pour la nouveauté, un désir d’évolution constant tout en gardant le ‘Funosato’, l’esprit des Ancêtres.

Historiquement le Japon a puisé dans la Tradition Chinoise, mais ‘se l’ait approprié selon son propre filtrage esthétique’. La Culture Japonaise joue avec l’Artifice et le Naturel. 


l’Art des Jardins

Le Paysage Géographique est la source d’inspiration pour la création de Jardins, les dessins des Contours des Rives sont déchiquetés en rappel au Littoral du Pays. Une Cascade d’Eau ne se jette pas directement dans son Bassin, mais frappe une Pierre avant de se disperser en gouttelettes. 

Le Jardin se compose en deux parties, ‘l’Omothe’’ ou le ‘Tatemaei’, ‘ce qui se trouve devant’, un Jardin Urbain ouvert aux invités, et ‘l’Ura’, le caché intime et traditionnelle, l’Agriculture appartient au monde caché et devant les fermes s’étendent les rizières…

Du VI ème Siècle jusqu’à nos jours, trois grands types de Jardins s’offrent à l’analyse : les Jardins à Étang, illustré par le Site du Pavillon d’Or, les Jardins Secs, qui à l’origine sont des créations des Moines Bouddhistes ou des Samouraïs, et les Jardins dédiés à la Cérémonie du Thé, un rituel codifié à partir du XVIIe. 

Puis les nouveaux Jardins à l‘Étang perdent leur caractère théâtral et les Seigneurs, ‘Daimyos’ proposent des formes douces, des courbes semées de ‘Zoysia’, un gazon coréen d’un vert tendre au printemps et d’un jaune vif à l’automne. La particularité de ce gazon est de ne se tondre jamais, ni de s’arroser.                                                                                  Les Jardins Secs se partagent en deux styles, figuratif ou abstrait et représentent l’essence de la Nature.                                  Les Jardins Abstraits ou les Jardins ‘Zen’ se défendent de toute suggestion, de toute représentation stylisée d’un élément naturel mais proposent d’être un tremplin à la Métaphysique, leur composition est volontairement minimale pour permettre une abstraction totale. 

Le Jardin Zen est clos de murs d’une faible hauteur et est édifié sur un terrain plat et ensoleillé. La clôture offre la possibilité d’inclure le monde extérieur, mais seulement celui du premier plan, ‘un paysage emprunté’, le ‘Shakkei’ à l’intérieur du Jardin Zen.

Le gravier qui compose la toile de fond du paysage est ratissé méthodiquement sur toute la surface à l’exception des bords immédiats des Pierres et forme des reliefs en forme de spirales longues. 

Un des plus célèbres Jardins Zen est celui de ‘Ryoan Ji’, 'dragon paisible’, de 25 mètres de long sur 7 mètres de large. Ce Jardin propose par sa composition, une lecture individuelle à chaque visiteur.

Les Pas Japonais, les ‘Tobiishi’, figurent un sentier dans la montagne et obligent le promeneur à se concentrer car le cheminement est rendu difficile et dangereux par l’inconfort volontaire de la scénographie qui réparti irrégulièrement les différentes hauteurs. Dans le Jardin, des abris rudimentaires sont réservés pour le repos. 

Le Jardin est l’introduction à un autre monde et se veut être en rupture avec le quotidien. 











NAISSANCE DU JARDIN À L’ANGLAISE

  (d’après le cours de Michel Baridon)


Changement radical dans l’Art des Jardins

En Angleterre, un nouveau mouvement paysager prend sa source dans le traité de Francis Bacon de 1625 et c’est Capability Brown qui en fera un Style National à partir du milieu du XVIII ème siècle, très en contraste avec le classique Français ‘L’Art Français se résume dans la maîtrise d’un plan et dans l’habileté des transitions’, on peut citer Racine « je tiens mon plan, je tiens ma tragédie ». La création de ‘cours culturelles’ contribue à une décentralisation véritable car ‘l’élite anglaise’ vit au quotidien dans des Paysages Régionaux Campagnards. 

Chaque Paysage porte la marque de sa Contrée, de son identité régionale inscrite dans les Jardins…                                    Et l’architecture reflète de manière ostentatoire le style propre à une région.

À Stowe, Bridgman introduit le ‘Haha’, un talus maçonné sur le Model Militaire ‘côté Park’ et une pente terreuse avec un fossé de faible profondeur ‘côté Nature’ dont l’effet immédiat est l’abolition des clôtures et l’ouverture vers le champ du paysage permet des tracés en sinuosités dans une symbiose esthétique avec la Nature.

Une révolution du regard où la Nature est réévaluée en tant que génératrice de formes libres. 

Et aussi, à noter, le paysagiste Kent qui s’inspire davantage des esthétiques du peintre Poussin dont les peintures proposent une vision idéale de la Nature Sauvage.

Capability’ Brown, son surnom est donné en clin d’œil à son habitude de déclarer lorsqu’il est en présence d’un nouveau projet de paysage, un double sens, « the place indeed has fine capabilities », il y a un potentiel… pour Capability… Son rôle dans l‘histoire du paysage est comparable à celui de Le Nôtre. 

Brown donne un Model de Grand Espace avec ondulations, un tour de promenade sur le périmètre, des effets d’ombres et de lumières, une diffraction des ombres dues aux masses d’arbres plantés sur de petites collines et placées en face du château, des tracés de ruisseaux et de nombreux plans d’eau. Son schéma pourrait se résumer par ‘belt, clump et dot’.

L’absence de vue depuis le château est une volonté délibérée pour aménager des surprises, c’est en fait le château qui doit être vu depuis le lointain et n’être qu’un élément de la composition d’ensemble. 

L’allée principale est sinueuse, le cheminement porte le désir d’une rencontre avec une Vision Paysagère…

Il est abandonné tout ‘remuement de terrains’ pour les nivellements mais reste d’actualité pour fabriquer des collines.

Les nouveaux paysages anglais marque le rejet des palissades, de la symétrie, le refus des perspectives qui tirent l‘œil pour donner la préférence aux espaces aérés, lumineux, aux formes rondes, au besoin de ‘féminitude’, aux salles fraîches pour le thé, au confort de vie, à une intimité, aux jardins de clarté, aux ‘nouveautés chinoises’.

Les Jardins de Stanislas, roi ami des philosophes des ‘Lumières’, donne à ses invités logés dans des pavillons, un espace pour jardiner à leur convenance. 







               



11 JARDINS D'EAU SHARON HOBBY














BONNES VANCANCES